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Hors ligneMessagePedro_Henrique » ven. 23 nov. 2018 16:35

solid.snake a écrit :Source of the post Comme prévu, Chardy balayé en 3 sets par Coric.

A suivre Tsonga face au redoutable Cilic...


Ca risque d'être vite plié. Espérons que Tsonga se sublime pour cette finale ...

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Hors ligneMessageSamT » ven. 23 nov. 2018 16:40

On ça se faire démonter....

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Hors ligneMessageMrjo » ven. 23 nov. 2018 16:51

Deja finie la finale ?

Coupe du monde
France 4-1 Croatie

Coupe Davis
France 1-4 Croatie ?

Bon au moins on aura revu la présidente croate...

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Hors ligneMessagePO » ven. 23 nov. 2018 17:00

SamT a écrit :Source of the post On ça se faire démonter....

Chardy : 42ème stagnant
Coric : 12ème en pleine progression : Un des fameux représentants de la "Next Gen" (Avec Zverev, Tsitipas, Kyrgios ; Chung ; Kachanov, entre autres)

Cilic : 7ème mondial, bien installé dans le top 10 depuis pas mal de temps. Pas à même de trop ennuyer le top 4, mais rarement battu par plus mal classé que lui.
Tsonga : 235ème, mais son classement ne veut absolument rien dire vu qu'il n'a quasiment pas joué pendant presque 1 an. Disons qu'il vaut probablement autour de 50 aujourd'hui. Il faudrait un miracle contre Cilic qui est loin d'être un peintre sur TB surtout couverte, donc rapide.

Disons qu'on a une vraie chance en double. Tant mieux pour ceux qui ont acheté un billet pour dimanche, ils pourront probablement assister à 1 vrai match avec le match 4.

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Hors ligneMessagesolid.snake » ven. 23 nov. 2018 17:29

Avantage Cilic dans le 1er set face à Tsonga 5-2...

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Hors ligneMessagesolid.snake » ven. 23 nov. 2018 18:32

2 sets à zéro pour Cilic, mal embarqué pour les français...

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Hors ligneMessageDonnieD » ven. 23 nov. 2018 18:35

Mrjo a écrit :Source of the post
PO a écrit :Source of the post Interview de Noah absolument passionnante. Un résumé du tennis des années 80-90 avec un Noah en mode zéro langue de bois. C'est long mais c'est super agréable à lire, et ça sent à plein le vécu.


https://www.lequipe.fr/Tennis/Article/Les-souvenirs-de-yannick-noah-dans-le-vestiaire-personne-n-aimait-connors/961236


L'article en entier, c'est possible sans passer par la caisse ?


Les souvenirs de Yannick Noah : « Dans le vestiaire, personne n'aimait Connors »

Parmi tous les joueurs qu'il a croisés, le vainqueur de Roland-Garros estime que l'Américain était le plus vicieux, loin de l'image cool qu'il donnait.
Vincent Cognet

« L'adversaire le plus fort que vous avez affronté ?
(Sans hésitation.) Borg. Il me dominait dans tous les domaines. J'ai toujours perdu contre lui (en fait, il l'a battu une fois sur cinq, à Monte-Carlo, en 1982) et je ressentais un sentiment d'impuissance totale. En 1980, à Flushing, je l'affronte vers 16 heures. Je prends trois petits sets (6-3, 6-3, 6-0) et, le soir même, je suis dans l'avion. Ce jour-là, il doit faire 45°C. À 6-3, 4-1, j'ai déjà changé quatre fois de chemise. Je le vois passer devant moi, il avait à peine un filet de transpiration dans le dos... Mes attaques étaient des approches, pas des coups de débordement. Or pour le battre, il fallait le déborder. Quand je sliçais long sur son revers, il avait le temps d'aller boire un thé et de frapper son passing. Y'en avait d'autres mais, lui, c'était juste pas possible.

L'adversaire que vous adoriez battre ?
Lendl, bien sûr.

Pourquoi bien sûr ?
Parce qu'on était déjà ensemble en minimes et que, dès mes quatorze ans, on parlait déjà de Noah et de Lendl. Coupe Jean-Becker, Championnats d'Europe, Orange Bowl, Coupe Galéa, Coupe Davis, Roland-Garros... On n'a pas arrêté de se croiser. On me disait toujours : "Fais comme Lendl parce que lui est sérieux." (Pause amusée.) Il y avait opposition au niveau du jeu mais aussi de la personnalité. Et je n'avais pas de respect pour sa personnalité. J'aimais bien le jouer parce que j'y trouvais matière à prouver que ce n'était pas une question de jeu : c'était le mec Lendl contre le mec Noah. Deux approches de la vie différentes. Il a été un meilleur joueur que moi mais j'ai gagné assez souvent contre lui (11-7 pour Lendl). Il avait un jeu qui me plaisait parce qu'il avait un peu peur de moi. Il avait peur de mon mode de vie. Dans ma chambre, je n'avais pas un vélo et un tapis pour faire des abdos. Dans ma chambre, il y avait des Lui et des Playboy, quand il n'y avait pas mieux (il rit). Je veux croire que mes femmes étaient plus heureuses que les siennes.

Vous saviez comment le déstabiliser ?
Il aimait avoir le temps de taper fort du fond mais il n'aimait pas qu'on le bouscule. Moi, c'était l'inverse. Lui gagnait ses échanges en huit ou douze coups. Moi, entre quatre et six. Il fallait lui casser son rythme. À l'époque, on n'avait pas la règle des vingt secondes. Il avait des tics. En tout cas, une routine parfaitement huilée. Ça donnait : "Je me tape quatre fois le pied gauche pour enlever la terre battue, quatre fois le pied droit, je m'enlève un cil à droite, un cil à gauche, je prends de la sciure dans ma poche, je serre le manche de ma raquette, etc." J'attendais un quart d'heure avant qu'il serve. Donc l'idée, c'était de le speeder. J'aimais jouer vite.

Le joueur le plus méchant ?
Méchant genre vicieux ? Connors, de loin. C'était le seul mec qui était mauvais esprit. Il avait le vice. Mac venait vers toi et te disait : "Va te faire foutre !" Mais c'était "straight" ("vrai", "honnête"). On l'aimait ou on le détestait pour les bonnes raisons. Connors, lui, trompait son monde. Les gens croyaient qu'il était cool. Tu parles... Personne ne l'aimait dans le vestiaire. S'il affrontait un p'tit jeune qui débutait, il venait le chambrer avant le match. Le pire qu'il m'a fait, c'est à Roland, en 1980. J'avais vingt ans. À la fin du deuxième set, en allant sur une amortie, je m'explose les ischio-jambiers. Il vient vers moi, me porte sous l'épaule, le public l'applaudit... Le temps que le soigneur vienne sur le court, il avait déjà demandé à l'arbitre de me disqualifier parce que j'avais dépassé le temps. Mais ça, le public ne l'a pas entendu. J'ai abandonné et il est sorti sous les ovations... Voilà quel gars c'était.

Le plus drôle ?
Pour moi, c'est Ion Tiriac. Déjà, je vois sa gueule, je rigole. Quand il était sur le court, j'étais mort de rire. Dans les matches d'anciens, il prend le rôle du méchant mais il n'y a que de la déconne. Trop fort. J'adore ce mec. Humainement, il est très généreux. Il a été un bon joueur, un bon coach, un bon manager, un bon businessman. Personne ne connaît mieux le tennis que lui. Personne. Tout ce qu'il a fait, il l'a réussi.

« J'ai une image de Gerulaitis à Flushing. Il devait être 17 heures et on prend le train pour rentrer sur Manhattan. Lui arrive en Rolls décapotable jaune. Mais jaune canari, hein ! Et en tenue : short et chemise de tennis, veste en jean. Dans la bagnole, cinq gonzesses sublimes »

Le plus fou ?
Howard Schoenfield (vainqueur de l'US Open juniors en 1975). C'était un mec qui réservait un court mais qui s'entraînait à blanc. C'est-à-dire sans balle. Il ne faisait que de la visualisation. Quand il devait partager son terrain, il y avait deux joueurs d'un côté et lui tout seul. Et il tapait ses coups à blanc... Un jour, à Indianapolis, il arrive pour disputer son match mais il estime qu'il n'y a pas de raison qu'il échauffe son adversaire. Il prévient le juge arbitre qu'il ne fera pas de balles. On l'amène de force sur le court. Son adversaire lui envoie une balle et lui la balance loin des limites du court. Deuxième balle, même topo, mais de l'autre côté. Et ainsi de suite. La moitié du vestiaire est là pour assister à la scène. Rebelote pour la deuxième tournée de balles. Boum ! direct dans la forêt ! "Disqualification. Jeu, set et match." Schoenfield a simplement pris son sac et s'est barré. C'était un vrai fou (*).

Le plus fêtard ?
Vitas (Gerulaitis) ! Notre dieu à tous. Tu le voyais en photo au Studio 54 (la célèbre boîte de New York) mais tu ne voyais jamais une photo de lui à l'entraînement ! Et le mec était 4e mondial à l'époque de Borg, Mac et Connors. J'ai une image de lui à Flushing. Il devait être 17 heures et on prend le train pour rentrer sur Manhattan. Lui arrive en Rolls décapotable jaune. Mais jaune canari, hein ! Et en tenue : short et chemise de tennis, veste en jean. Dans la bagnole, cinq gonzesses sublimes. Il se gare devant le stade. Il ne traînait pas au vestiaire. Il allait dans une loge VIP, il parlait aux gens et il allait jouer son match. C'était mon dieu. Ah, les histoires de Vitas... Pour moi, la plus belle, c'est la plus connue. Quand il bat enfin Connors après seize défaites de suite. Et là, il lâche : "Que ce soit une leçon pour vous tous : personne ne bat Vitas Gerulaitis dix-sept fois de suite !" Magnifique ! Mon premier concert, je l'ai fait avec Vitas à la guitare. C'était à Bercy, pour un tennis-concert pour les Enfants de la Terre.

Le joueur que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez bien revoir ?
Pas facile de répondre, parce qu'avec les tournois des anciens, on revoit beaucoup de monde. Alors, je dirais Pierre Lebègue. Mon premier pote au tennis-études de Nice. Il est kiné à Rodez et ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. C'était mon frère de pension. Beaucoup de souvenirs... Premier concert, première gonzesse, premier tout, quoi.

Le joueur que vous ne voulez surtout pas revoir ?
Connors, pour les raisons que j'ai déjà expliquées. S'il est à l'autre bout de la pièce, je n'y vais pas.

Le moment où vous vous êtes senti le plus fort sur un court ?
Un quart de finale à Key Biscayne, en 1987, où je bats Mats (Wilander) 7-6 au cinquième (6-4, 6-2, 4-6, 2-6, 7-6). Y avait le score mais aussi la qualité du jeu. Il jouait bien contre moi, je jouais bien contre lui. Nos jeux se mariaient bien, c'est parfait pour le spectacle. Mats avait un jeu de défense de malade et il pouvait aussi contre-attaquer. À chaque échange, il se passait un truc. Ça avait duré des plombes. Dans ma mémoire, ça reste un match d'une intensité incroyable.

« Quand Christian Quidet arrive pour m'interroger, je marmonne que je ne parle pas à la presse. Putain, qu'est-ce que j'ai pris le lendemain... »

Le moment où vous vous êtes senti le plus bête ?
Un match important, à Roland, sur le Central. On est en 1978 et je joue contre Guillermo Vilas. J'habitais dans un studio rue Poussin, à 500 mètres du stade. Je joue troisième match. Je suis chez moi et j'attends le milieu du deuxième match pour retourner à Roland-Garros. Je suis un peu nerveux et je descends acheter des cerises chez l'épicier du coin. Je les mange quatre par quatre. À un moment, je mords dans un noyau et la dent de devant se casse, en haut. Ne reste plus que la racine et un petit morceau de dent. Le trou est tellement gros que je peux mettre un hot-dog entre les dents ! Je suis défait, j'ai invité tous mes potes et surtout mes copines à venir voir le match. Et on va me voir à la télé, vu que je joue Vilas... Je me retrouve avec une tronche de cake. J'appelle mon dentiste qui me dit : "Prends un chewing-gum et mâche-le. Une fois qu'il est bien mâché, tu colles ta dent avec." J'essaye, ça tient vaguement. Je pars jouer mon match. Je me fais breaker à 2 partout, sur une connerie. Je suis tellement furax que la dent se détache. Je la crache, je donne un coup de raquette dedans et la dent va jusqu'à ma chaise ! Je joue donc tout le match comme ça (il mime des lèvres pincées pour cacher sa bouche). Je perds et, quand Christian Quidet arrive pour m'interroger, je marmonne que je ne parle pas à la presse. Putain, qu'est-ce que j'ai pris le lendemain... "L'espoir du tennis français va devoir apprendre à être professionnel et à respecter la presse", ce genre de trucs. J'en ai pris plein la gueule.

La plus grande dispute à laquelle vous avez assisté ?
Une année, on fait une série d'exhibitions dans des arènes et Borg doit affronter Henri (Leconte). Ils en parlent avant et Henri dit à Bjorn qu'il est un peu crevé et qu'il n'est pas sûr de pouvoir jouer le lendemain. Il lui dit : "T'inquiète, on joue tranquille et tu joueras la finale." Mais, à 4 partout au troisième, Henri fait le break. Il serre le poing et tout le stade crie : "­Hen-ri ! Hen-ri !" Et il gagne son jeu de service. Je n'ai pas souvent vu Bjorn s'énerver. Mais, là, il a traité Henri de tous les noms. "Fuck you ! Ne me parle plus jamais !"

Votre plus grand fou rire ?
Pas un en particulier mais j'en ai pris beaucoup avec Guy (Forget) en double. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a deux mecs en un. Il y a Guy, le directeur de tournoi, et "Guy" (à prononcer à l'américaine), le rigolo. On s'amusait beaucoup. À une époque, avec nos deux services, on perdait très peu de matches. On en a perdu deux entièrement de ma faute. La finale de Roland 1987, parce que j'étais défait d'avoir perdu en quarts du simple contre Mats, et que j'étais sorti trois nuits de suite. Résultat, on mène deux sets à zéro en finale contre Jarryd-Seguso et là, je décède. J'suis mort. Plus rien dans le réservoir. J'ai planté Guy. Et bien planté... Pas fier de moi, mais il faut assumer. La finale du Masters, à Londres, en 1986 c'est presque la même histoire. Le samedi soir, j'ai un pote qui se marie à Paris. J'y vais. Je ne dors pas de la nuit. Le lendemain, sur le court, je suis K.-O., comme un mec qui a fait une nuit blanche. Mea culpa, Guy.

L'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
J'ai gagné un grand titre bourré au beaujolais. En 1986, à Monte Carlo, il pleut pas mal. On est le samedi soir. Je suis en finale du simple et en demies du double. Juste après le tournoi, je dois rejoindre ma femme qui devait accoucher quinze jours plus tard. Dans la nuit, à trois heures du matin, le téléphone sonne. C'est Cecilia : "Je vais à l'hôpital, je crois que j'accouche. Bonne chance !" Après ça, évidemment, je dors zéro minute. Yelena naît à 9 heures du matin. J'ai un petit garçon, une petite fille, la vie est belle. Mais je n'ai pas dormi et j'ai deux (ou trois) matches à jouer dans la journée. Je prends une raclée en simple contre Nyström (6-3, 6-2) mais je ne pense qu'à une chose : prendre l'avion et rejoindre ma famille. Le problème, c'est que j'ai une demie du double à jouer. Et là, Cino, un petit Italien qui s'occupait du vestiaire à Monte Carlo depuis toujours, me fait : "Yannicke, lé tennis cé lé tennis mais la vie cé piu importante ! Uné enfant ça doit se fêter !" Il me file un énorme ballon de rouge, du beaujolais. Ça fait cinq heures que j'ai avalé mon plat de pâtes, je m'envoie le verre cul sec. Et là, je suis défoncé. On se retrouve sur le terrain pour jouer la demie et je dis à Guy : "C'est un truc de malade, je n'ai pas raté une balle à l'échauffement." Et on gagne en deux sets. Guy me dit : "Putain, Yann, c'est la première fois de ta vie que tu retournes des services !" Là-dessus, on décide de ne pas prendre de pause entre la demie et la finale : "Ramenez les autres !" On attend sur le court. Et on bat Nyström-Wilander ! Incroyable. J'étais défoncé, mais défoncé euphorique.

Votre plus gros coup de gueule ?
Quand on se fait voler et agresser au Paraguay, en Coupe Davis, en 1985. Une horreur. Philippe Chatrier était alors président de la Fédération internationale. Il était présent et il n'a rien fait. J'étais enragé. J'ai mis des années à lui reparler. Je ne l'ai fait que le jour où il m'a proposé le capitanat, cinq ans plus tard.

Votre plus grande fiesta ?
Celle qui suit ma victoire à Roland. Elle était parfaite. En fait, mes potes avaient anticipé ma victoire. J'avais une petite maison à la campagne et ils avaient organisé un concert. Batterie, basse, guitare. Je ne savais rien de tout ça. Huit fois sur dix, une fête après une victoire est pourrie. Parce qu'il se passe trop de temps entre la balle de match et la fiesta. En 1983, ça s'est super bien enchaîné. Si on veut aller loin dans le raisonnement, c'est peut-être pour ça que je n'en ai pas gagné d'autres. Cette victoire à Roland, il y avait tout. Je suis à la maison, il fait beau, toute ma famille et mes potes sont là, je bats Mats, papa fait ce truc incroyable (descendre sur le Central pour l'enlacer), je rentre à la maison, Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac jouent toute la nuit, tout le village rapplique chez moi pour faire la fête. À 4 heures du mat', on décide d'aller en boîte à Paris. Et sur qui je tombe en arrivant au Circus ? Mats ! J'ai dansé avec lui jusqu'au petit matin.

Vous êtes restés très proches, tous les deux ?
C'est une jolie histoire de respect entre joueurs. Et une jolie histoire d'amitié. Mats, c'est quand même le mec qui a remis le point sur une balle de match en demi-finale de Roland-Garros, à dix-sept ans ! C'est le gars le plus fair-play que j'ai jamais vu. Moi qui ai toujours eu une image de mec fair-play, je vais vous dire, je la piquais, cette balle. Rien à foutre. L'arbitre me dit que j'ai le match, je le prends. Mais Mats a ce truc : quand les lumières s'éteignent, il redevient normal. La majorité d'entre nous reste dans la compétition. On n'est jamais guéri de ce truc. Un jour, il m'a dit une chose incroyable. On prend un avion pour aller jouer une exhib', à Dubaï, je crois. On est huit joueurs, il doit y avoir vingt-cinq personnes dans l'avion. On est invités par le sponsor, on est en première. Tout le monde s'endort et l'hôtesse nous propose d'aller en business où il n'y a personne. Elle nous offre des grands vins, du Cheval Blanc, du Haut-Brion, et nous assure qu'on peut fumer. Du coup, on y va. Et là, après quelques verres, Mats me dit : "Yannick, est-ce que tu te rends compte que tu me dois tout ?" Je le regarde, quand même étonné. Et là, il me fait : "Imagine que je te batte en finale de Roland en 1983 et que je perde contre Henri (Leconte) cinq ans plus tard, tu serais où, aujourd'hui ? Ces deux matches ont changé ta vie. Tu vois, tu me dois tout !" On se marre et je lui dis : "Tu pourras toujours tout me demander dans la vie."

L'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Hagel (Patrice Hagelauer), bien sûr. C'était mon tonton. Ou plutôt mon grand frère. J'aimais beaucoup le mec. La chance que j'ai eue, c'est d'être tombé sur des entraîneurs que j'ai vraiment appréciés. D'abord, Patrice Beust, qui a été mon coach formateur au tennis-études de Nice. J'étais le seul qui ne rentrait pas chez lui le week-end. Lui m'invitait à la maison. Je mangeais de la vraie bouffe dans une famille. Un jour, il m'a emmené à Marineland voir des dauphins. Je m'en souviens encore... Après, quand il me disait de plier les jambes, pas de problème, je les pliais. Ensuite, il y a eu Hagel. Même quand il était dur, ça allait. Parce que j'avais une confiance totale en lui. Je comprenais ce qu'il me disait. Notre relation allait et va encore au-delà du jeu.

« J'ai arrêté tôt, à trente ans, parce que je ne trouvais plus de sens. Parce que je me faisais chier sur le circuit »

Votre plus grande réussite ?
Mes gosses, sans hésitation. Avoir réussi à avoir des gosses, avec toutes mes contradictions, de trois femmes différentes, et une famille recomposée, avec des enfants qui s'entendent merveilleusement bien... Si j'ai pas ça, je suis une grosse merde. Tout le reste, c'est pfff...

Votre plus grand regret ?
Ne pas avoir eu la chance d'avoir vu un psy ou un préparateur mental. Quelqu'un qui m'aurait parlé de ma carrière de manière différente, en allant au-delà de : "Entraîne-toi dur sur le court." Ça m'a beaucoup manqué. J'ai arrêté tôt, à trente ans, parce que je ne trouvais plus de sens. Parce que je me faisais chier sur le circuit. Je m'emmerdais. C'est pour ça que j'aurais adoré qu'on m'explique le golf. Y avait des mecs qui attendaient la tournée américaine avec impatience. Palm Springs, Boca Raton, Key Biscayne... Eux rêvaient de jouer ces tournois parce qu'ils jouaient aussi au golf. Pas moi. Si quelqu'un m'avait alors filé le virus du golf comme je l'ai aujourd'hui, je serais encore professionnel !

Le plus bel échange de votre carrière ?
(Sans hésitation.) Un point contre Borg, à Stockholm, en 1980. À 4 partout au troisième, je crois, je sers, il retourne et on engage un rallye avec des droite-gauche incroyables. À un moment, je suis cané, je suis dans l'orange. J'envoie un boulet, merde la balle revient ! Pareil le coup suivant. Je suis dans le rouge, je n'ai plus de souffle. Je joue croisé sur son coup droit et je me rue au filet. Et là, je me dis : "Il la met où il veut, je m'en fous, je plonge." Et c'est ce que je fais ! Ma volée reste dans le terrain. Et là, Bjorn réussit un incroyable passing en bout de course. Tout le stade explose. Je le regarde, j'ai envie de passer le filet et de courir l'embrasser, tellement je suis heureux d'avoir joué ce point ! Lui se retourne, va tranquillement de l'autre côté. Et il attend la suite... Sur ce point, en fait, il m'a niqué deux fois (rire).

Et le plus beau coup ?
Contre Vasselin (Christophe Roger-Vasselin), en demie de Roland (1983). Cet instant-là, c'est la meilleure forme physique de toute ma vie. Sur un retour slicé, la balle prend une trajectoire montante. Et, là, je prends mon impulsion, je monte très très haut et je frappe un smash de volée de toutes mes forces. La balle rebondit et part au-delà de la tribune présidentielle. (Il crie.) "Ouaaaaaaah !" Complètement fou. Sampras l'a aussi fait plus tard, mais c'est un coup que j'ai créé. Contrairement au coup entre les jambes. Tout le monde croit que c'est moi qui l'ai inventé à Flushing, en 1983, contre Krickstein. C'est faux, Pecci et Vilas l'avaient déjà fait avant moi.

La défaite qui vous a fait le plus mal ?
Contre Mac, en finale de la Coupe Davis, à Grenoble, en 1982. Imperdable, ce match... Je l'ai en mains, je le sens (il mène deux sets à un lorsque la coupure de dix minutes, autorisée à l'époque, intervient). Rien ne dit que j'aurais gagné sans la coupure. On ne peut jamais refaire un match. Mais, putain, ce match, je le tenais... Physiquement, tennistiquement, mais pas mentalement. J'ai perdu ce match pendant le break. Dix minutes de merde au vestiaire. C'est là que j'ai compris qu'on ne savait pas gagner. Il m'avait manqué un petit truc. Six mois plus tard, ce petit truc, je l'avais à Roland.

Le moment qui a changé votre carrière ?
Mes trois premiers mois à Nice ont été horribles. J'étais en pension, loin de mes parents. C'était l'hiver et j'étais le bamboula du bahut. J'avais douze ans, j'étais le plus jeune et j'avais droit à tous les bizutages. J'ai vraiment morflé. Mon pote, c'était Pierre Lebègue, qui avait deux ans de plus que moi. J'écrivais à ma mère tous les jours, pour lui dire que ce n'était plus possible et que je rentrais définitivement (au Cameroun). Au moment de partir pour les vacances de Noël, je vide mon casier. Dans ma tête, c'est clair : je ne reviens pas. Et là, "Pierrot" me dit : "Mais, Yann, si tu ne reviens pas, on ne va plus se revoir ?" On se regarde, il y a un infime flottement, et je lui dis : "Si tu reviens, je reviens." Et il me dit : "Moi, je reviens." On a signé un pacte, avec les pouces. À Noël, j'annonce à mes parents que je retourne à Nice. Ma mère tombe à la renverse, elle est défaite. Mais j'y vais. De ce jour, je n'étais plus le même. Je suis revenu en mode : "Vous allez me le payer, je vais tous vous niquer." C'est là où j'ai commencé à m'entraîner dix fois plus que tous les autres. C'est fou mais cet instant avec "Pierrot", qui a duré quelques secondes, a changé ma vie. »

(*) Schoenfield souffre de problèmes mentaux (paranoïa schizophrénique), Il a été plusieurs fois interné.



« On a fait croix de bois, croix de fer »
Pierre Lebègue, kinésithérapeute, soixante ans, ami d'enfance de Noah au tennis-études de Nice.

« Avec Yannick, on est vite devenus copains, pour deux raisons. Déjà, parce qu'on était les deux plus jeunes à l'internat à Nice (lui avait douze ans, moi quatorze, les autres ayant au moins seize), ensuite, parce qu'on arrivait tous les deux d'Afrique. J'avais passé mon enfance en Éthiopie et lui débarquait du Cameroun. Il était en souffrance, au début, du fait de l'éloignement. C'est vrai qu'il s'est posé la question de rester au Cameroun après les vacances et on a fait effectivement "croix de bois, croix de fer", en se promettant de se retrouver à la rentrée, ça l'a peut-être aidé à revenir... C'était dur, à l'époque, d'être un Noir à Nice. Là-bas, ils n'en avaient pas vu beaucoup (rire). Je me souviens d'une fois où on était partis s'entraîner sur gazon, en Angleterre. On était une dizaine. Tous logés chez l'habitant. Sauf lui, parce que personne n'en voulait et qu'il avait dû aller à l'hôtel !

En plus, Yann, il avait cette fibre assez revendicative. Ses idoles, c'était Muhammad Ali, Arthur Ashe et James Brown, qu'on était d'ailleurs allés voir ensemble en concert, à Nice. Je me rappelle aussi que, le soir, je lui chantais Graeme Allwright pour l'endormir... Tout a été mieux à partir de la deuxième année. Il a trouvé ses marques, les gens l'ont davantage accepté et il est vite devenu la coqueluche. Ils ont vu que ce serait le meilleur. Il était très volontaire, il allait parfois s'entraîner tout seul, il allait courir tout seul, et puis techniquement, c'était fort, quoi. Il était doué. »



Yannick Noah en bref
58 ans.
N°3 mondial en 1986.
Vainqueur de Roland-Garros (1983).
23 titres remportés en simple.
Capitaine de Coupe Davis : victoires en 1991, 1996 et 2017.
Capitaine de Fed Cup : victoire en 1997.

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Hors ligneMessagejames » ven. 23 nov. 2018 18:58

merci beaucoup.
Il vaut mieux donner à réfléchir que de chercher à convaincre.

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Hors ligneMessageCalamar » ven. 23 nov. 2018 18:59

Bon, ben pari perdu pour Noah

Chardy balayé, Tsonga mené 2-0 et arrêt médical

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Hors ligneMessageDonnieD » ven. 23 nov. 2018 19:15

Tsonga et les finales de Coupe Davis jouées blessé...
Perso, je trouve ça assez scandaleux

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Hors ligneMessagePedro_Henrique » ven. 23 nov. 2018 19:26

Calamar a écrit :Bon, ben pari perdu pour Noah

Chardy balayé, Tsonga mené 2-0 et arrêt médical


Bravo Yannick !
A priori Guillaume Raoux devrait etre aligné dimanche

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Hors ligneMessageCalamar » ven. 23 nov. 2018 19:28

Et Arnaud boetsch pour le 5e match

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Hors ligneMessagejem59 » ven. 23 nov. 2018 19:31

prends un bueno

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Hors ligneMessagePO » ven. 23 nov. 2018 20:18

Reste à espérer que Mahut-Herbert fasse le job demain, afin que les gens qui ont acheté des places Dimanche aient un vraie match 4 à enjeux, et peut-être un match 5 si Papa Noël fait un détour par PM.

Même si c'est facile après coup, tout est difficilement compréhensible dans la stratégie de Noah sur cette finale si on ne se base que sur des critères sportifs : Surface et joueurs.

Quand on joue contre une équipe avec 2 joueurs classés 7 et 12, tous les 2 en pleine forme (Coric a récemment battu Federer à la régulière), et qu'on n'a pas de bons joueurs valides et en pleine forme dans son équipe :

1/ On ne choisit pas une surface comme la terre battue indoor, qui est une surface apte à faire respecter la hiérarchie.

2/ On ne met pas des joueurs sans quasiment aucun repère. Le miracle Henri Leconte 1991 était un miracle. Jo-Will revient d'une période off de plusieurs mois, et c'est un joueur instinctif dont le jeu marche à la confiance. Et Jérémy Chardy était en pleine préparation de son mariage lorsqu'il appris que Noah le sélectionnait...

Dans ce cas-là, on fait comme les "petites" équipes qui jouent des grosses écuries, on choisit une surface "atypique", une moquette hyper-rapide par exemple et on met 2 joueurs à l'aise sur ce genre de surface : Benoit Paire et Gilles Simon (Pour des raisons différentes : Paire parce que c'est un joueur qui joue sur quelques coups, et toujours à haut risque, et Simon parce que c'est toujours un formidable contreur), voire un Mannarino, et après on prie pour que les 2 soient dans un jour de grâce, et comme disait Jean-Claude Duss "On ne sait jamais sur un malentendu...".

Ou bien au contraire, Noah s'est dit que quelle que soit la stratégie c'était mort, alors autant se faire plaisir et faire jouer ses potes : Jo-Will et Chardy...

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Hors ligneMessageDjeunzzz » ven. 23 nov. 2018 20:28

PO a écrit :Source of the post 1/ On ne choisit pas une surface comme la terre battue indoor, qui est une surface apte à faire respecter la hiérarchie.

Je pense que le choix de la surface doit se faire bien en amont, que Noah n'est pas le seul à en décider, à un moment où personne ne sait encore quels joueurs (dans les 2 camps) s'affronteront.
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Hors ligneMessagePO » ven. 23 nov. 2018 20:43

Juste après les demi-finales, en fonction de l’adversaire, comme à chaque tour.

De toute façon, pour Noah, l'analyse de l'adversaire croate était assez simple : Il y a Cilic 7ème et Coric 12ème. Il y a bien le double mètre d'Ivo Karlovic, capable de faire mal un jour où il sert le plomb, mais il ne joue plus la coupe Davis et à 39 ans, la retraite approche. Les autres croates sont en 2ème ou 3 ème "division" du tennis mondial, classés au delà de la 200ème.

Donc, si Cilic et Coris n'étaient pas là, on pouvait envoyer quasiment n'importe qui, sur n'importe quoi.

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Hors ligneMessageCalamar » ven. 23 nov. 2018 20:55

un bon vieux parquet, comme au Paraguay !!

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Hors ligneMessagedenisplaya » ven. 23 nov. 2018 21:03

En demi les Crotales sont passés très près du couperet chez eux, sur terre battue, face aux troisièmes couteaux américains... Noah a dû voir les mêmes matchs que moi. Le seul problème, c'est qu'on n'a aucune opposition à offrir avec nos vieux machins...

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Hors ligneMessagefrandsen » ven. 23 nov. 2018 21:11

denisplaya a écrit :Source of the post En demi les Crotales sont passés très près du couperet chez eux, sur terre battue, face aux troisièmes couteaux américains... Noah a dû voir les mêmes matchs que moi. Le seul problème, c'est qu'on n'a aucune opposition à offrir avec nos vieux machins...

Yannick Noah aurait du prendre d'autres personnes des quadragénaires de passionlosc. Tu m'étonnes que ça fait 2-0.
A Lens c'était les corons.
La bière ça c'est leur boisson.
Ils aiment les petits garçons.
Leurs grand-père c'est aussi leurs darons.

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Hors ligneMessagePO » sam. 24 nov. 2018 09:41

denisplaya a écrit :Source of the post En demi les Crotales sont passés très près du couperet chez eux, sur terre battue, face aux troisièmes couteaux américains... Noah a dû voir les mêmes matchs que moi. Le seul problème, c'est qu'on n'a aucune opposition à offrir avec nos vieux machins...

Certes, mais terre battue extérieure en Croatie. Même si on parle de terre battue dans les 2 cas, la TB indoor, c'est vraiment différent. Nettement moins "terre battue" en réalité. Surtout sur un court construit en express.

Maintenant, tu as effectivement raison, quelle que soit la surface, les circonstances : Blessures, méformes, choix affectifs du capitaine (Simon était parfaitement opérationnel, mais Simon n'est pas un pote à Noah), font qu'on n'a pas grand chose à opposer à 2 croates bien mieux classés et en pleine confiance.


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