Publié le 18/04/2016
PAR OLIVIER FOSSEUX - PHOTO PHILIPPE PAUCHET
Le président du LOSC, décontracté et serein, nous a reçus à quelques jours d’une finale historique. Ambitieux et réaliste, il confirme qu’il ne cherche plus de successeur…
![Image](http://lvdn.rosselcdn.net/sites/default/files/imagecache/vdn_photo_principale_article/articles/ophotos/20160418/1596735881_B978422712Z.1_20160418144033_000_G576K9VF8.1-0.jpg)
Michel Seydoux apprécie la fin de saison passionnante du LOSC. PHOTO PHILIPPE PAUCHET VDNPQR
Michel Seydoux, que représente une finale de Coupe de la Ligue pour un président de L1 ?
« C’est important pour la carrière d’un président. Il s’agit de la troisième Coupe où j’ai l’occasion d’être en finale. Je n’oublie pas l’Intertoto en 2004, le premier trophée de l’ère moderne du LOSC. Puis, la Coupe de France en 2011. Ce n’est pas facile d’être en finale, quelle que soit la Coupe. On est heureux d’aller partager ce moment-là avec nos supporters. »
Voilà trois mois que vous avez joué cette demi-finale contre Bordeaux. N’est-ce pas trop long ?
« Je ne m’en rends pas compte. La demie est arrivée à un moment important pour nous. On a senti que l’équipe, quand elle n’avait pas de poids, jouait différemment. Et ce fut un indicateur important pour ce club. C’est un match qui a redonné du plaisir à nos supporters et à ce niveau-là, c’est un vrai tournant. »
Quand on voit votre saison, cette présence en finale surprend…
« Disons que le club est là où il est prévu qu’il soit mais qu’il n’y est pas allé par la voie la plus facile. Le football n’est pas une science exacte et on ne maîtrise pas tout. Aujourd’hui on a deux opportunités pour jouer l’Europe. Il n’y en avait qu’une il y a deux mois… »
« Un courant naturel avec Antonetti »
Dans votre parcours, il y a un peu d’Hervé Renard (1). Est-ce que son éviction mi-novembre fut la décision la plus difficile de votre saison ?
« (sérieux) Quand je prends des décisions, ce n’est pas pour faire plaisir. On était alors en crise de résultats. Ce n’est pas une décision facile et c’est même le contraire de ma logique d’entrepreneur. En général, les entraîneurs de mon époque sont restés longtemps. C’est une décision spectaculaire car elle a eu un retentissement. Mais des décisions difficiles, j’en prends tous les jours. Après, celle-là, je ne la commente pas… »
A priori, vous n’aurez pas d’entraîneur à chercher pour la prochaine saison…
« J’ai vu des commentaires surpris au moment où on a choisi Frédéric Antonetti. Il y a pourtant un courant naturel qui est passé quand on s’est rencontrés. On est dans l’action depuis trois mois. On va prendre le temps de mieux se connaître pendant l’intersaison. Ça va faciliter un mercato qui sera toujours aussi compliqué. Ce vent de sérénité n’est pas désagréable. »
Sentez-vous l’engouement arriver autour de cette finale ?
« Une finale, ça reste quelque chose d’extraordinaire sur un terrain neutre. Le Stade de France, c’est un endroit que l’on aime bien. J’ai deux images immédiates quand je repense à ce stade. Acimovic qui marque contre Manchester United. Il n’y a pas beaucoup de clubs français qui ont battu Manchester. Et puis ce coup franc d’Obraniak qui nous offre la Coupe de France. »
« J’ai trouvé notre public exceptionnel »
Cette Coupe de la Ligue est souvent décriée et certains veulent la supprimer. En faites-vous partie ?
« Je pense que le calendrier est trop chargé et que l’on joue trop l’hiver. On devrait faire des progrès dans ce domaine. (il sourit) Après un finaliste de la Coupe de la Ligue qui va aller dire que ce n’est pas une bonne compétition, ce serait quelqu’un qui couperait la branche sur laquelle il est assis. Cette coupe permet à certains clubs de réussir leur saison, donc elle a un intérêt. Est-ce que sa programmation peut être améliorée ? Pourquoi pas. »
Une finale c’est aussi bon pour l’image d’un club. Vivez-vous mal le fait d’être moins médiatisé qu’il y a quelques saisons ?
« Pas du tout. Je n’ai aucun complexe par rapport à ça. Il faut s’adapter pour redevenir le plus performant possible. On est un peu plus performant en ce moment et j’espère qu’on va intéresser les médias en fin de saison. Quand on mettait un but péniblement dans un match qui ressemblait à un navet, il n’y avait pas de raisons que les médias s’enflamment. Je suis conscient de ce que l’on propose. Et dans la période difficile, j’ai trouvé notre public exceptionnel. On est traités comme on doit l’être. »
Cette année, on vous a senti touché à l’issue de certains matchs…
« Il y a eu deux ou trois moments où je n’étais pas bien. J’essaye de rester le plus digne possible mais bon je suis un être humain tout à fait normal. »
Ça ressemble à quoi un dimanche de Michel Seydoux quand le LOSC a présenté un mauvais scénario la veille au soir…
« Vous savez, c’est déjà le retour. J’habite la capitale et je rentre dans la foulée. Le dimanche, je passe alors en généralement beaucoup de coups de fil. On vit notre métier. Chaque match a un enjeu sportif mais aussi économique. Je peux vous assurer que lorsque vous n’avez pas les points nécessaires pour être loin de la zone dangereuse, vous dormez beaucoup moins bien que lorsque vous les possédez. »
« Le club a retrouvé l’équilibre financier »
La Coupe de la Ligue est-elle intéressante économiquement (2) ?
« Le vrai moteur économique c’est le championnat. C’est lui qui créé les places européennes. Elle permet surtout de jouer sans la pression du championnat. C’est aussi un laboratoire. Elle n’est pas dans le scénario dur du marathon où parfois on a mal aux jambes et il faut continuer à avancer pour réussir un temps car c’est cela le plus important. La pression que je ressens entre un match de Coupe et une rencontre de championnat, il n’y a pas photo ! Il y en a une qui est tolérable et l’autre pas. »
Plus globalement, comment va le LOSC financièrement ?
« Le club a retrouvé son équilibre la saison dernière. Comme on a perdu beaucoup d’argent les saisons d’avant, il faut reconstituer les fonds. Le club n’a pas d’ennui, des actionnaires solides, pas de fil à la patte des autorités, donc il va comme un club qui s’adapte. »
Vous allez donc devoir encore vendre pour équilibrer votre exercice 2016 ?
« Aujourd’hui, l’équilibre d’un club comme le nôtre, dans les conditions du marché actuel, nous oblige à vendre des talents que nous n’aurons de toute façon pas pu conserver. Prenons le système à l’envers, imaginons que je ne sois pas obligé de les vendre. L’attractivité des autres fait ce que c’est compliqué de les conserver. Il n’y a qu’un club en France et quelques-uns en Europe qui peuvent le faire. L’année dernière, on a environ cent millions de dépenses. Et on n’a pas cent millions de recettes et on est loin de les avoir. Je reste quand même optimiste sur l’avenir du football. Mon métier est de bâtir une équipe compétitive et ça peut paraître bizarre mais mon premier objectif n’est pas de vendre. »
À 68 ans, est ce que vous prenez encore du plaisir à la présidence du LOSC ?
« Oui et surtout cette année. Un bon commandement de bord, on le voit dans la difficulté. Quand il y a des turbulences que l’avion bouge beaucoup, c’est là qu’on a un vrai rôle. On est content quand on en sort. Quand tout va bien, c’est dangereux dans une entreprise car on ne se remet pas en cause. On a lancé des opérations nouvelles comme les féminines, on a réorganisé, on a géré les imprévisibles comme le cas Traoré… »
Alors où en êtes-vous sur la recherche de votre successeur ?
« (avec un grand sourire) J’ai trouvé que le meilleur successeur, c’était moi pour l’instant. J’ai réfléchi, j’ai hésité, je me suis demandé si j’avais fait mon temps, si j’étais capable de réinventer un nouveau LOSC, mais il y a un nouvel élan qui a été lancé, même si on a eu un peu de mal au démarrage. Je suis satisfait de ce que l’on a mis en place. Pour l’instant, je me succède à moi-même. »
1. – Hervé Renard était l’entraîneur du LOSC lors des seizièmes de finale contre Troyes.
2. – Pour son parcours, un finaliste touche un chèque d’environ 2,8 M et un vainqueur environ 3,6 M. A cela, il faut retirer les frais d’organisation, les primes…
http://www.lavoixdunord.fr/sports/losc- ... 04n3453758